L’acquittement de la zakat et la dépense de l’aumône (*)

Traduction d'un article de Cheikh Abderazak al Badr

Langue : Français

Ramadan est le mois des bienfaits, des bénédictions et des actes d'obéissance. C’est le mois du jeûne, de la prière et des veillées nocturnes. Le mois des rappels et de la récitation du Coran. Le mois de la générosité et de la gratification, de la zakât [l’aumône légale] et du don, de la piété et de la bienfaisance.
Le Prophète ﷺ était certes le plus généreux des hommes et était encore plus généreux pendant Ramadan. Cela parce que le jeûne est profondément lié à la dépense [dans le bien] et à l’aumône.
En effet, lorsque les riches se privent durant une période limitée de manger et de boire par obéissance à Allah et qu’ils endurent l’intensité de la faim et la douleur de la soif, cela leur permet de se rappeler leurs frères parmi les musulmans qui endurent ces douleurs tout au long de l’année ou presque.
Ainsi, par cette cause, Allah place dans leur cœur la miséricorde envers leurs frères ; alors leurs âmes deviennent généreuses en dépensant des biens que ce soit par la zakât obligatoire ou les aumônes et les dépenses surérogatoires dans toutes les facettes du bien.

En ce qui concerne la zakât, Allah a imposé aux croyants possédant des biens éligibles à la zakât, une aumône versée aux nécessiteux parmi eux [les croyants] et aux œuvres d’intérêt public, comme dit Allah - élevé soit-Il - :

Et il y a de nombreux versets dans le Coran concernant le fait de donner la zakât et de dépenser de ce qu'Allah a donné, faisant l'éloge de ceux qui dépensent [dans le bien] et des donateurs ainsi que la mention de leur récompense. Et à ce propos, les ahadith du Prophète ﷺ sont nombreux.
Il y a expliqué ce qui est soumis à la zakât parmi les bêtes, les matières premières, les fruits, la monnaie et les biens consacrés au commerce. Il a également évoqué les seuils et la quantité imposée. Et il a exposé la menace sévère contre celui qui s’y oppose.
Et les musulmans sont unanimes sur le manque dans la foi, la religion et l'islam de celui qui délaisse la zakât. Tandis qu’ils ont divergé sur le fait de savoir si celui-ci a mécru ou pas.
Il y a dans la zakât, l’aumône et la bienfaisance bon nombre de bienfaits nécessaires, complémentaires, religieux et matériels.

Parmi ces bienfaits, le fait qu’elle fait partie des plus importants rites de la religion et des plus grandes démonstrations de la foi. Le Prophète ﷺ a dit : « et l’aumône est une preuve »⁽¹⁾ c’est-à-dire une preuve de la foi de celui qui l’accomplit, de sa religion et de son amour pour Allah puisqu'il a donné sans compter pour Allah de son argent qui est aimé par l'âme.

Et parmi ces bienfaits, le fait qu’elle purifie et élève le donateur, celui à qui on donne et l'argent duquel elle a été extraite.
Quant à sa purification du donateur : elle purifie son comportement et le nettoie de l’avarice de la cupidité et des vils comportements. Et elle améliore son comportement ; ainsi il adopte les caractéristiques des généreux bienfaisants reconnaissants puisqu'elle est parmi les plus grands [actes de] reconnaissance envers Allah ; sachant que le fait d'être reconnaissant s’accompagne toujours de l’ajout [de bienfaits].
Elle augmente aussi sa récompense et sa gratification. Car l’aumône et les dépenses [dans le bien] sont multipliées plusieurs fois en fonction de la foi et la sincérité de celui qui les accomplit ainsi que le bénéfice qu’elle engendre et le fait qu'elle soit versée dans ce qu'il convient.
Elle soulage la poitrine, réjouit l’âme et elle éloigne du serviteur beaucoup de malheurs et de maladies.
Combien de bienfaits religieux et matériels a-t-elle attirés ! Combien de malheurs, de désagréments et de maladies a-t-elle éloignés !  Et combien de douleurs a-t-elle apaisées ! Combien d'animosité a-t-elle ôtée, d'affection et d'amitié a-t-elle attirées ! Et combien a-t-elle été la cause d’invocations exaucées venant de cœurs sincères !

Aussi elle augmente l’argent duquel elle est extraite en le protégeant des méfaits et en lui valant la bénédiction divine. Le Prophète ﷺ a dit : « L’aumône n’a jamais diminué une richesse »⁽²⁾ au contraire elle l’augmente. Et Allah - élevé soit-Il - dit :

« Et toute dépense que vous faites (dans le bien), Il l’a remplace et c’est Lui le meilleur des donateurs. » Sourate Saba, verset 39.

Et dans les deux recueils authentiques, le Prophète ﷺ a dit : « Il n'est pas de matin sans que deux anges descendent. L’un d’eux dit : « Ô Seigneur, donne substitut à celui qui dépense ! » Tandis que l’autre dit : « Ô Seigneur donne dégât à celui qui retient ! » ». ⁽³⁾
Et la réalité témoigne de cela. Ainsi il est presque impossible de trouver un croyant qui donne la zakât et dépense de l’argent dans ce qu'il convient sans qu’Allah n'ai fait descendre sur lui la bénédiction dans ses biens et lui ai facilité les causes de l'enrichissement.
Il est rapporté dans l’authentique de Mouslim selon Abou Houraira - qu’Allah l’agrée - que le Prophète ﷺ a dit : « Tandis qu'un homme marchait sur une terre aride, il entendit une voix provenant d'un nuage : "Arrose le jardin d'Untel". Ce nuage se dirigea alors vers un terrain pierreux sur lequel il déversa son eau. Or, un seul des cours d'eau reçut toute l'eau déversée. En suivant ce cours d'eau, l'homme trouva un cultivateur conduisant l'eau vers son jardin à l'aide d'une pelle. "Comment t'appelles-tu, ô serviteur d'Allah ?", demanda-t-il au cultivateur. "Untel" - le même nom qu'il avait entendu provenant du nuage -. Puis le cultivateur poursuivit : "Mais pourquoi, ô serviteur d'Allah, veux-tu savoir mon nom ?" [L'homme répondit :] "J'ai entendu une voix provenant du nuage dont vient l'eau que voici, ordonnant au nuage d'arroser ton jardin. Que fais-tu donc dans ton jardin ?" "Après ce que tu m'as dit, [reprit le cultivateur,] sache que j'attends la récolte dont je fais aumône du tiers, je garde un autre tiers pour me nourrir et nourrir ma famille, et ressème le tiers restant".
Dans une autre version rapportée également par Mouslim : "Je donne le tiers aux pauvres, aux mendiants et aux voyageurs indigents."⁽⁴⁾

Quant à son bienfait sur celui à qui elle est donnée, Allah - élevé soit-Il - a ordonné de s’en acquitter auprès de ceux qui en ont besoin parmi les pauvres et les indigents, ceux qui sont lourdement endettés, pour affranchir les jougs ou encore pour les intérêts dont ont besoin les musulmans à la lumière du verset précédent.
Car à chaque fois qu’elle est donnée dans son contexte, les besoins et nécessitées sont dissipés et les pauvres s’enrichissent ou leur pauvreté diminue et s’établissent les intérêts publics bénéfiques et quelle utilité plus énorme et plus illustre !!
Ainsi si les riches sortaient la zakât de leurs biens et qu’elle était versée dans son contexte, les affaires religieuses et mondaines se seraient redressées, les besoins seraient ôtés, les malheurs des pauvres se seraient dissipés et cela serait un énorme obstacle et une barrière empêchant les dégâts des corrupteurs. C’est pour cette raison que la zakât est parmi les plus grands bienfaits de l’Islam de part ce qu’elle apporte comme intérêts et avantages et ce qu'elle repousse comme méfaits.

Et parmi ce qui est rapporté à propos du châtiment de celui qui délaisse l’aumône légale, la parole d'Allah - élevé soit-Il - :

« Ô vous qui croyez, beaucoup de rabbins et de moines dévorent les biens des gens illégalement et (leur) obstruent le sentier d’Allah. A ceux qui thésaurisent l’or et l’argent et ne le dépensent pas dans le sentier d’Allah, annonce un châtiment douloureux ! Le jour où (ces trésors) seront portés à l’incandescence dans le feu de l’Enfer et qu’ils en seront cautérisés, voici ce que vous avez thésaurisé pour vous-mêmes. Goûtez de ce que vous thésaurisiez » Sourate At Tawba, versets 34-35.

Et il a été rapporté par Al Boukhari d’après Abou Houraira - qu’Allah l’agrée - que le Prophète ﷺ a dit : « Celui à qui Allah a donné des biens sur lesquels il ne s'acquitte pas de la zakât alors ils prendront la forme d'un serpent noir chauve avec deux taches qui va s'enrouler autour de lui puis va lui mordre les joues et va lui dire : "Je suis ton argent, je suis ton trésor ". Puis le Prophète ﷺ récita le verset :

« Que ceux qui gardent avec avarice ce qu'Allah leur donne par Sa grâce ne comptent point cela comme bon pour eux. Au contraire, c’est mauvais pour eux : au jour de la résurrection on leur attacha autour du cou ce qu’ils ont gardé avec avarice » »⁽⁵⁾ Sourate Aal 'Imrân, verset 180

Et si Allah a guidé le serviteur vers l’acquittement de la zakât ou qu’il a donné dans le sentier d’Allah alors qu’il se méfie de l’ostentation, de la renommée, et du fait de faire suivre ses dons d'un rappel ou d'un tort, car tout cela annule la récompense et il se peut que cela soit remplacé par un péché. Et Allah - élevé soit-Il - a dit :

« Ô les croyants ! N’annulez pas vos aumônes par un rappel ou un tort. » Sourate Al Baqara, verset 264

Ô Allah nous demandons protection auprès de Toi contre un bien qui ne nous rapproche pas de Toi ! Et nous Te demandons la purification de nos âmes et nos cœurs de l’avarice, de l’avidité et toutes les maladies des cœurs ! Et nous Te demandons d’écrire leur récompense à ceux qui dépensent et donnent [dans le bien] et de multiplier leur récompense !